Fédération Huy-Waremme du PS

Corporation, 1764804
  • Le socialisme à Huy et sa région

Au cours du 19e siècle, Huy connait une expansion industrielle importante : la sidérurgie (Nestor Martin, Boulonneries de Huy, etc.), le traitement du zinc (Usine de la mine à Ampsin, etc.), carrières, papeteries (Godin, etc.) et sucreries se développent grâce à des investissements et des innovations techniques.

Les communications s’améliorent (canalisation entre Liège et Namur), chemin de fer et routes sont construits. La population augmente à un rythme rapide forçant les habitants des campagnes à chercher d’autres moyens de subsistance alors que l’industrie est en pleine expansion. Toutefois les conditions de vie du prolétariat sont difficiles.

En effet, l’ouvrier est contraint de travailler douze heures par jour pour un salaire médiocre et il ne peut améliorer son sort car les grèves sont prohibées, les coalitions interdites et le droit de vote est réservé aux riches. De plus le travailleur de la région à moins de possibilités de réaction que celui qui vit dans les bassins ouvriers de Liège et de Charleroi en raison de la (petite) taille des entreprises chez qui il travaille et de la diversification de celles-ci.

En 1869, suite aux conférences données par des orateurs liégeois de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT), une section hutoise de l’Internationale est installée. Elle ne sera néanmoins pas très efficace puisqu’elle sera seulement à l’origine d’une société de secours mutuel neutre, « Les Ouvriers réunis », et au déclenchement d’une grève chez Nestor Martin et chez Thiry (qui ne déboucheront sur rien).

L’Internationale chute alors et le mouvement hutois entre en léthargie. Bien que des conférences et des meetings soient organisés, rien ne bouge. 1886 voit la création d’une « Fraternelle » réclamant les 8 heures de travail, la responsabilité des chefs d’établissement en cas d’accidents, la règlementation du travail des enfants etc.

Ce n’est qu’en 1894 qu’une Fédération hutoise du Parti ouvrier est créée, soutenue par des militants.

Dès 1895, des ligues ouvrières, des coopératives et des syndicats se développent. Aux législatives de 1899, les socialistes de Huy et de Waremme rassemblés remportent deux sièges sur quatre. Les revendications sont toujours les mêmes et passent par le développement de coopératives, de syndicats et de cercles d’éducation.
 
  • Les coopératives
 
Des coopératives naissent dès 1881 comme, par exemple, « l’Alimentation hutoise », elle comporte des magasins et des boulangeries. D’autres parties des coopératives créent des mutuelles, des caisses de secours, des bibliothèques… Elles s’affilient à la Fédération nationale des coopératives qui, en groupant leurs achats, donnent de l’ampleur au mouvement. Cela aboutit à la bourse coopérative, établie à Huy, pour que « chacun puisse y puiser les renseignements nécessaires, s’entendre avec les autres collègues des coopératives et s’entendre pour des achats en communs. »
 
  • Les syndicats

Ils ne s’implantent pas avant 1890, faisant suite à quelques petits mouvements de grève, des revendications vite avortées, nées dans les grands établissements industriels. Les syndicats auront du mal à s’introduire dans les petits ateliers qui sont plus nombreux dans la région. La faiblesse des syndicats ne permettra pas de soutenir de grandes actions de grèves ponctuelles qui n’aboutiront pas. Ce n’est qu’en 1910 que l’Union des carriers et des marbriers de la province de Liège naitra, forte d’une population plus organisée et nombreuse. Elle soutiendra une négociation pour une journée de 10 heures et comptera un grand nombre d’adhérents.
 
  • Les mutuelles

Celles-ci n’apparaissent que tardivement et ce n’est que vers 1910 qu’elles se constitueront, accordant aux coopérateurs malades des indemnités journalières, un pain quotidien pendant 6 semaines et une aide financière extraordinaire si la nécessité s’en faisait sentir.
 
  • L’implantation socialiste dans la région de Waremme

Le contexte local de développement à Waremme est bien différent de celui de Huy. La région de Waremme est une région en grande partie agricole, les ouvriers y sont essentiellement isolés. Ce n’est que vers 1875, à la faveur de la crise agricole et du développement des moyens de communication que les ouvriers quittent la terre. Ils vont se diriger vers le bassin de Liège. Les quelques mouvements de propagande rencontrent peu de succès même ceux créés par Joseph Wauters.
 
En 1898, dans la région de Waremme, il n’y a toujours pas de mouvement socialiste structuré. La procédure pour faire entrer le mouvement dans la population consiste à créer des services économiques et sociaux, des coopératives, des mutuelles et des syndicats. D’autres mouvements se dessinent sous l’impulsion de Joseph Wauters, notamment un mouvement pour l’instruction et l’éducation des travailleurs, un cercle d’études sociales où des professeurs universitaires viennent donner des conférences. Tous les sujets y sont abordés : Wauters y développe les grandes lois de l’univers, Chauvin, la question juive, Mahaim, Carnegie. De plus, un cercle horticole se développe pour initier à la culture forestière et fruitière.

En 1900, la fusion des circonscriptions de Huy et de Waremme ainsi que la représentation proportionnelle induit le fait que les arrondissements doivent ensemble élire deux députés et deux sénateurs, ce qui les force à s’accorder sur les candidats et la propagande. Grâce à cette union, le POB progresse, non sans avoir développé une stratégie d’union avec les progressistes pour conclure des cartels contre les catholiques. Cela sera couronné de succès : un échevinat est obtenu en 1907 pour le POB.

Les syndicats ne se développeront en conséquence pas plus vite qu’ailleurs.
 
    • La Première Guerre mondiale
 
Le 4 août 1914, l’armée allemande franchit la frontière belge, la vie économique est paralysée, les ressources s’amenuisent et les routes sont peu sûres. Pour faire face aux difficultés, les coopératives décident de coordonner leurs efforts et de se regrouper. L’Union coopératives du Pays de Liège sera créée en 1915, regroupant des coopératives de la province. Les mutualités de la province font de même et créent des caisses destinées à des cas graves et de grandes nécessités.

Les Fédérations vont s’organiser et octroient un salaire aux ouvriers sans ressources, aux femmes de soldats ainsi qu’aux chômeurs involontaires.
 
    • L’entre-deux guerres

Au lendemain de la guerre, les fédérations de Huy et de Waremme connaissent une période de développement. A Huy, un secrétariat est constitué pour remettre sur pied des associations disloquées pendant le conflit. A Waremme, l’idée de la filiation unique est adoptée en 1919. Les membres des ligues ouvrières, des coopératives, des syndicats et des mutuelles ne forment plus qu’un groupe par commune.

En 1919, le succès électoral est au rendez-vous avec 51 % des voix. Unis électoralement, les socialistes vont entamer des négociations qui vont aboutir à la fusion des deux Fédérations.

Le pays est dans une situation de grave précarité : Joseph Wauters achète des denrées alimentaires, rétablit des moyens de communications, combat la spéculation sur l’alimentation. Il maintient le secours chômage.

L’action « positive » des ministres socialistes, en même temps que la proclamation du suffrage universel va accorder en 1919 une victoire du Parti ouvrier belge.

Avec 36 % des voix au niveau national, le POB met fin à l’hégémonie du Parti catholique. De 1919 à 1921, la classe ouvrière belge obtient le suffrage universel pur et simple, la liberté d’association, l’impôt progressif sur les revenus, la semaine de 48 heures et la journée de 8 heures plus la pension de vieillesse et l’assurance chômage. Tout cela en deux ans, grâce à l’action de Joseph Wauters.

Ces réformes sont loin de faire l’unanimité, la Belgique entre alors dans une économie de paix et plus de guerre et, en 1927, après une politique fiscale défavorable aux entreprises et aux grandes fortunes, le gouvernement coince après une campagne de presse des plus agressives de la part des journaux conservateurs. Après une crise ministérielle ouverte, Joseph Wauters continue ses réformes faisant relever les allocations de chômages, doubler le complément de vie chère pour les pensionnés mineurs : il est en cela soutenu par les Fédérations dont celle de Huy-Waremme.

Fin 1927, en novembre, les socialistes sont rejetés dans l’opposition. Ils sont dès lors forcés de réfléchir aux mouvements qui s’agitent autour d’eux et à la meilleure façon de les contrer : devant eux, le fascisme et le bolchevisme décrits comme « fils jumeaux et enfantés par la guerre ». 

A ce moment, certains responsables du parti socialiste déplorent que le succès relatif des réformes semble avoir ralenti l’élan de combattivité, alors qu’il est plus que jamais nécessaire pour fixer de nouveaux objectifs.

Il faut développer une doctrine nette et précise pour galvaniser les masses. Pendant ce moment de réflexion, au niveau communal, les socialistes perdent des voix dans l’arrondissement de Huy-Waremme.

En 1929, le 30 juin, Joseph Wauters meurt. Unanimement regretté, les mouvements perdent un grand réalisateur de réformes sociales.

La crise de 1930, frappe de plein fouet l’arrondissement de Huy-Waremme car elle affecte l’agriculture et l’industrie. Les entreprises métallurgiques, le bâtiment, les carrières toutes sont affectées par celle-ci. Les stocks s’accumulent en même temps que le cours du sucre et du blé s’effondre. Les agriculteurs s’appauvrissent, le capital est entamé.

Le fascisme fascine des intellectuels humiliés, des classes moyennes prolétarisées, des déshérités et des déclassés. D’autre part des doctrines « pseudo-socialistes » exaltant le corporatisme et le coup de force sont également sur l’avant de la scène.

La perspective de guerre est également multipliée depuis la prise de pouvoir d’Adolf Hitler. « Pour y faire face, il faut s’attaquer à la cause commune de ces trois maux, le capitalisme. Celui-ci doit faire la guerre pour les marchés, la guerre crée la crise économique et inversement ». Il est temps pour le POB de reprendre l’initiative.

En 1932, le Parti ouvrier belge – où la propagande a pris le caractère le plus marxiste – enlève vingt majorités nouvelles. Néanmoins, aux législatives du 27 novembre de la même année, une bipartite catholique libérale poursuit une politique qui voit notamment la majoration des impôts sur la consommation, une taxe de crise sur les salaires, une diminution des indemnités de chômage et des allocations familiales etc. Ces mesures vont susciter une grande inquiétude et de véhémentes protestations. Le gouvernement finit par se retirer en 1934 pour un « gouvernement des banquiers » qui va continuer la même politique.

Dès Noël 1933, les socialistes vont lancer le « plan De Man », plan d’économie mixte visant à soumettre l’économie nationale à des directives tendant à l’élargissement du marché en vue de résorber le chômage et créer une prospérité économique accrue. Ces mesures sont largement diffusées à Huy-Waremme par la centaine de milliers de tracts. Ce plan va influencer les négociations menées entre catholiques, libéraux et socialistes après la chute du cabinet Theunis.

En 1935, le gouvernement Van Zeelande, gouvernement d’Union nationale, pratique une politique d’expansion économique qui aboutit à une reprise des capitaux et une baisse du chômage : néanmoins les prix augmentent et les rémunérations ne suivent pas toujours. La Fédération Huy-Waremme attire alors l’attention du gouvernement sur la nécessité de l’adaptation des salaires et des indemnités sociales au cout de la vie.

En mai 1936, le sentiment de ne pas profiter de la prospérité économique perdure, ce qui aboutit à une poussée des communistes et une percée du parti rexiste. A Huy-Waremme le phénomène est amplifié par rapport à la moyenne nationale. La Fédération fait donc pression pour une politique agricole et sociale plus active dans le but de lutter contre le fascisme.

Ainsi le gouvernement va faire face à des grèves qui ont pour revendication la semaine de 40 heures, 6 jours de congés et la liberté syndicale. Ce mouvement de grève qui a atteint tout le pays est aussi présent à Huy : finalement, il est utile puisque le gouvernement va rencontrer le souhait des travailleurs. Van Zeelande va soumettre une proposition s’inspirant du « plan  De Man ». Ce qui va dans le sens d’un chômage moindre, il est résorbé des deux tiers et les conditions d’existence des travailleurs sont largement améliorées.
 
  • Rex

Néanmoins, il existe un parti rexiste allié à Huy-Waremme au petit Parti National, il est reconnu comme fasciste par la Fédération qui, via le journal Le Travailleur, le combat en n’oubliant pas non plus la multiplication des manifestations. A la suite d’une conférence donnée par Léon Degrelle à Huy, les membres du PC et du POB lancent un appel au front populaire suggéré par Edmond Leburton dénonçant la tentation de se jeter dans les bras d’un aventurier. Le PC est pourtant ambigu, il plébiscitera le gouvernement Van Zélande contre REX qui sera battu en 1937.

La Guerre d’Espagne éclate : nombreux seront les sympathisants de la fédération à répondre à l’appel pour l’Espagne en guerre contre le fascisme. Certains vont s’engager, d’autres héberger des enfants ou souscrire pour le financement des milices populaires. En 1938, Spaak évoque la possibilité de reconnaitre le gouvernement de Franco mais il est contré par la Fédération.

En 1936, le Roi annonce une politique d’indépendance qui implique un retour à la neutralité. La Fédération Huy-Waremme rejette cette position qui est ressentie comme une concession aux exigences des Flamands qui s’emparent des administrations centrales, drainent l’argent et les entreprises vers la Flandre alors que les industries de la basse Meuse dépérissent. Edmond Leburton convoque un congrès socialiste wallon qui veut mettre la Flandre et la Wallonie sur un pied d’égalité dans le Parti et dans le pays.  

En 1939, La Fédération assistera à l’entrée de socialistes dans le cabinet Pierlot, cabinet qui continue sur la ligne de la neutralité. La fédération va alors se préoccuper du sort des populations du ravitaillement, de la défense passive et de l’évacuation.
 
  • Les syndicats

Au sortir de la Guerre, les syndicats qui n’avaient jamais connu de grandes expansions se réorganisent à Huy et vont compter très vite plus de 5000 membres. À Waremme, des ouvriers travaillant dans la région liégeoise adhèrent aux organisations liégeoises. Tous réclament la journée de 8 heures, la reconnaissance syndicale et l’augmentation de 100 % des salaires. Quelques patrons concluent des accords avec des ouvriers mais il y aura des grèves notamment chez Mélotte. Souvent, les travailleurs parviendront à faire triompher leurs causes et à arracher des avantages substantiels.

La disparité des conditions de travail va s’accentuer dans les années suivantes, le coût de la vie augmente et beaucoup de revendications syndicales ne seront pas reconnues. A partir de 1935, les mouvements vont réapparaitre dans le secteur des carrières qui était très affecté par la crise. Les syndicats vont solliciter une négociation sur les barèmes qui aboutira de ci de là mais qui seront et nettement inférieurs au coût de la vie.

En 1936, les choses vont se dégrader et une grande grève va alors se déclencher mais, finalement, les syndicats vont obtenir un règlement pour les congés payés, une convention salariale et la fixation des indemnités de maladies.

Une autre conséquence de la grève de 36 sera la création de syndicat agricole.
 
  • Les coopératives

Le 22 mai 1918, l’Union coopérative est créée : elle prend pour dénomination « Coopérative de Liège » et regroupe sous son giron celle de Huy-Waremme. Elle réalise grâce à la centralisation des services d’achats des succès évidents grâce à l’uniformisation des prix de vente et généralisation des activités sociales. Elle reçoit l’adhésion des coopératives du Brabant et du Namurois. A Huy-Waremme, on enregistre 39 magasins ordinaires, deux dépôts de charbon, trois boulangeries et 20 Maisons du Peuple, lieu d’éducation et de pratique du sport. En 1930 malgré son succès le progrès est enrayé : la crise économique passe par là.  
 
  • Les mutuelles

Elles sont épaulées par le ministre Wauters. Elles ont une grande activité. Les membres de la Fédération des mutualités augmentent et bénéficient d’avantages comme un service médico-pharmaceutique très large, une caisse anti tuberculose et une caisse de retraite. Favorisées par un mouvement ascendant, elles ouvrent des polycliniques à Huy et à Waremme. Ces fédérations vont souffrir de 1933 à 1936.
 
    • La Deuxième Guerre mondiale

Pendant la Guerre, en dépit de la défaite rapide et de l’attitude de Léopold III, mandataires et militants socialistes s’organisent pour prendre une part active à la Résistance. Certains comme Arthur Wauters s’installent à Londres et participent au gouvernement belge en exil, tout en refusant d’être associé au cabinet catholique qui estime être le seul cabinet légitime.

Wauters est rédacteur en chef de La Belgique indépendante qu’il quittera en 1941, quand le journal fera l’apologie du Roi.

En Belgique, un Parti socialiste illégal se reconstitue. A Huy-Waremme, Albert Morsa et Edmond Leburton dirigent le mouvement. Ce dernier, sous le pseudonyme de Jean-Pierre, va commander un réseau de résistance jusqu’à la libération du pays.

D’autres militants encore, comme Jules Linotte et Albert Leburton fondent un organisme d’entraide solidarité à Huy-Waremme qui récolte des fonds et des marchandises pour le ravitaillement des réfractaires au travail obligatoire et des résistants.

D’autres militants rallient des syndicats clandestins dont les activités sont la distribution de feuilles clandestines, l’aide aux évadés, fabrication de faux papiers, vol des denrées alimentaire ou incendies de champs de colza dont l’huile entrait dans la composition de la nitroglycérine.

Les groupes de résistance socialiste participeront à la Libération et aux combats en septembre 1944.
 
    • Après la guerre

Très vite, les anciennes USC se reconstituent, des permanences sont ouvertes à Huy et à Waremme dans les maisons du peuple. Mais les socialistes n’entrent pas au gouvernement d’après-guerre soulignant les lenteurs de l’épuration dans la magistrature et un programme pas suffisamment de gauche.

Le 1er mai 1945, toutes les forces de gauche s’unissent pour une paix solide et durable, des conditions de vie meilleures et le redressement économique par des nationalisations.

Mais cette union ne fera pas long feu puisqu’aux élections du 17 février 1946, le PC enregistre un gain non négligeable alors que le PSB recule. Le congrès fédéral du Parti socialiste décide de ne plus collaborer avec le PC dans les communes.

Le gouvernement socialiste-catholique de Paul Henri Spaak est accueilli avec résignation à cause du manque de fermeté à l’égard des inciviques, les prétentions des catholiques sur le monde de l’éducation, la politique décevante des prix et des salaires et l’absence de planification rigoureuse d’autant que des griefs wallons se précisent.

Le 26 juin 1949, lors du premier vote des femmes, les communistes s’effondrent et les socialistes remontent, les catholiques prennent le large et le cabinet catholique libéral qui voit le jour sous la direction de Gaston Eyskens fait voter une décision de consultation populaire sur la reprise des fonctions du Roi.

Cette décision provoque un tollé : le journal Le travailleur va rédiger un long réquisitoire contre Léopold III. Les résultats du référendum sont globalement favorables au roi mais une large disparité des résultats va s’observer.

Une large majorité des flamands plébiscitent le Roi mais ils sont 58 % à refuser son retour. La Fédération Huy-Waremme et le Parti sont prêts à se rallier au Prince Beaudouin « pour autant qu’il inaugure un règne neuf ».

Le 11 juillet 1950, l’impossibilité de régner est levée, une grève générale éclate dans toute la Wallonie, elle touche aussi Huy-Waremme. Le 31 juillet après la mort de trois manifestant abattus par la gendarmerie à Grâce-Berleur, les partis se mettent d’accord sur le transfert du pouvoir vers le Prince Baudouin.

Le Parti catholique va s’installer au pouvoir seul. Vivement critiqué par la Fédération tant pour l’instauration d’un service militaire de 24 mois que pour l’amnistie décidée par rapport à des inciviques, le gouvernement provoque les interventions d’Edmond Leburton qui dénonce deux poids deux mesures pour les inciviques alors que les résistants, les veuves et les orphelins attendent.

La question de l’école libre déclenche l’opposition de tous les socialistes y compris hutois et waremmiens qui dénoncent l’augmentation des subsides de l’état au réseau libre et l’implantation de nouvelles écoles dont le but est : « de former les futurs électeurs du PSC ». Au milieu de tous ces griefs c’est pourtant la politique sociale qui est ressentie le plus négativement.

La sécurité sociale est mal en point, l’assurance maladie, l’assurance chômage, les allocations familiales sont contestées car ne répondant plus aux réalités de la vie quotidienne. Les prix sont jugés excessifs, les industries sont dans le marasme.

Dans la région de Huy-Waremme, Nestor Martin, Godin et les ateliers Thiry ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, les licenciements se multiplient. Au niveau agricole, les producteurs Waremmiens sont soumis à l’industrie laitière, aux sucreries ou aux trusts de la meunerie menacés par le Boerenbond. Cette lente dégradation va mener la Fédération à mener la lutte sur deux fronts.

D’une part la réflexion sur les problèmes économiques, d’autre part sur les divergences entre wallons et flamands.

En 1954, c’est la victoire : le PSB va progresser.

Edmond Leburton entre comme Ministre de la santé au cabinet d’Achille Van Acker. Les mesures se succèdent comme, notamment, la réduction du temps du service militaire à 18 mois et une politique scolaire plus sociale. Des mesures sont prises en matière de pensions prises par Léon-Eli Troclet et Edmond Leburton.

En revanche, la faiblesse des mesures dans le domaine économique déçoit. L’agriculture continue à demander de l’aide qui tarde à venir. L’impôt est mal réparti et les grands travaux nécessaires à l’avenir économique du pays tardent.

L’Euratom est signé, l’Europe est en marche et cela rassure les Fédérations car c’est un gage de paix. Cependant, la politique coloniale inquiète : dès 1956, Georges Housiaux pose clairement le problème de l’indépendance.

La gestion de l’assurance maladie invalidité va occuper le début des années 60. Le dépôt du projet Servais chargeant les Fédérations régionales et mutualistes d’une responsabilité financière plus lourde rompt la solidarité nationale au détriment de la Wallonie : c’est la grève de 1960. Cette grève va durer un bon mois et a pour but d’avoir des garanties pour la Wallonie qui profiteraient aussi aux travailleurs flamands.
 
    • Des grèves de 1960 à la régionalisation

Le déclin de la Wallonie est à l’ordre du jour : les charbonnages touchés par la réduction de capacité imposée par la CECA ferment les uns après les autres. La sidérurgie wallonne perd son monopole par la réalisation de l’Usine de Sidmar en Flandre, ce qui a des conséquences directes sur la sidérurgie de la région faites de petites entreprises (Les tôleries Mathieu, les usines Thiry, les boulonneries).

La région Waremmienne souffre du manque de diversification d’emplois et constitue toujours une réserve de main d’œuvre potentielle pour d’autres bassins.

D’autre part, des éléments démographiques mettent en évidence un vieillissement prononcé de la population et une fécondité extrêmement faible. Des mesures natalistes sont prises pour relever la prime de naissance et le relèvement des allocations familiales.

Le débat linguistique perdure, certains socialistes sont partisans du fédéralisme, d’autres sont pour une négociation avec l’autre communauté.

En 1967, au terme de négociation laborieuse, le gouvernement Eyskens-Merlot se met en place. Freddy Terwagne devient ministre des relations communautaires et propose de remodeler la Belgique en réalisant une décentralisation économique et une révision constitutionnelle.

Le débat qui s’en suivra sera long et difficile mais en 1970, la révision de la constitution est votée la Belgique va alors compter 4 régions. En 1973, Edmond Leburton est chargé de former un nouveau gouvernement composé des partis désormais régionalisés.
 
  • Organisation actuelle

Comme toutes les Fédérations socialistes, la Fédération de Huy-Waremme est organisée par ordre de grandeur de représentation autour du congrès/assemblée fédéral(e) puis du Comité fédéral et de l’Exécutif puis, pour la gestion journalière, du Président et Secrétaire fédéral. Les Fédérations chapeautent les Unions socialistes communales (USC) qui ont droit chacune à des Délégués au sein de l’Assemblée fédérale tandis que l’Assemblée générale élit des représentants au sein du Conseil et ainsi de suite.
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