Hubert Rassart

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Hubert Rassart  naît à Seraing le 15 novembre 1908.

Hubert Fernand Rassart est le fils de Marie Leruite, brodeuse, et de Fernand Rassart, un barbier-coiffeur, qui est nommé gérant de la coopérative L’Union Ouvrière de Seraing en 1914.

Inscrit à l’Ecole communale de Seraing, le jeune Hubert finit 1er de l’examen cantonal, ce qui incite son père à l’inscrire à l’Athénée de Liège. Il y réalise de bonnes études scientifiques et y fonde les Lycéens wallons (une association pro-wallonne).

Il s’inscrit alors à l’école de commerce de l’Université de Liège en 1927 et se marie en 1928 : « j’avais regardé les yeux dans les yeux une petite cousine de ma mère qui avait un an de moins que moi, et elle s’est retrouvée enceinte (…) comme c’était la règle dans le milieu où je vivais, quand on fécondait, on épousait. Ca ne se discutait même pas (…) non seulement j’étais marié, mais en plus j’étais papa ». En 1929, lors d’un examen, Rassart se serait accroché avec un professeur : « J’ai eu la coquetterie de me disputer avec un professeur. Résultat : ce monsieur (…) qui était fort âgé, fort malade – pour ne pas dire gâteux – m’a flanqué à la porte en m’avertissant (…) qu’il s’opposerait toujours à mon diplôme ». Il écourte alors ses études et se met à la recherche d’un emploi.

C’est le temps des petits boulots : porte-à-porte pour vendre des assurances, puis des tissus. Ensuite, il est engagé comme stagiaire (correspondancier de langue anglaise) à la préparation de l’Exposition Internationale de Liège de 1939 et atterri finalement au Service des Finances de l’Administration Communale de Seraing (Révision Cadastrale). En 1930, Rassart entame son service militaire au 3e d’Artillerie de Liège. Il sort avec le grade de Maréchal des Logis, mais, à nouveau, ses opinions et son franc-parler joue contre lui : il est rayé des candidats officiers par une « cote morale » signalant qu’il « manque de dévouement à la dynastie »…

En 1931, après un bref passage comme agent commercial dans une firme verviétoise de draperies, Rassart entre à l’Union Coopérative en tant que chef du service « Vêtements » (de 1931 à 1938). 50 ans plus tard, c’est avec amusement qu’il revient sur son engagement : « Ils ont eu tort de me nommer. Je le sais maintenant que j’ai 76 ans. On ne nomme pas un garnement de 22 ans pour diriger un service de cette importance ».

C’est à cette époque que le jeune chef de service rencontre un certain Henri De Man. Lorsque ce dernier se rendait à Francfort, il s’arrêtait souvent à Liège pour discuter avec des socialistes du cru. Il se déclare impressionné par le théoricien : « c’est lui qui a vraiment appris aux gens de ma génération le sens profond du mot « révolution ». Ce n’était pas nécessairement les pavés (…), les barricades et les coups de feu (…). C’était un phénomène d’ordre économique d’abord, d’ordre social ensuite, qui pouvait très bien se réaliser sans violence, sans effusion de sang et par des voies légales, démocratiques, par un système de réformes successives. Ce qui signifie qu’en 1934, Hitler ayant pris le pouvoir, De Man a convaincu le PS de ses thèses planistes. Moi, j’étais un de ses disciples, je le suis toujours. Il a été mon maître à penser sur certaines choses. »

Affilié aux Jeunes Gardes Socialistes dès ses 14 ans, Hubert Rassart y rencontre des jeunes qui deviendront des figures marquantes du mouvement socialiste belge : Raymond Latin (Centrales des Métallurgistes), Marcel Delvigne (FMSS), Paul Lambert (mouvement coopératif), Maurice Massay (SETCa) et André Renard (FGTB). En 1934, Rassart, qui était déjà membre du comité des Jeunes Gardes Socialistes de Seraing, en devient le président.

Depuis le début des années 30, les JGS sérésiens sont particulièrement préoccupés par la montée du fascisme ; ainsi, le 18 juillet 1931, ils organisent un meeting sur les thèmes dictatoriaux avec Paul-Henri Spaak comme orateur. Rassart avait été très marqué par la prise de pouvoir de Mussolini (1921) : c’est pourquoi, dès 1925, il participe déjà avec les JGS à des actions antifascistes dont l’accueil de réfugiés. En 1936, Renard, Latin et Rassart fondent même un front antifasciste regroupant les Jeunes Gardes Socialistes, les Jeunesses Communistes, des trotskystes et des anarchistes ; les instances du POB n’apprécient que modérément…

On le voit, Rassart n’hésite pas à s’associer à toutes les composantes de la « gauche ». Cependant, il n’était pas tendre envers le communisme et le trotskysme. Au sujet du communisme, il s’exprimait ainsi : « Quoique révolutionnaire d’extrême gauche, je pouvais être tout au monde sauf communiste. J’avais compris que quand, dans la hiérarchie communiste, on n’était pas d’accord avec le grand patron moustachu, on n’avait le droit d’aller soigner sa santé en coupant des bûches en Sibérie ». De Trotsky, qu’il aurait rencontré en 1934 à Barbizon, il disait : « J’ai eu un entretient de 45 minutes avec lui et quand j’en suis sorti, je n’avais déjà plus d’illusions sur le courant staliniste, je n’avais vraiment plus d’illusions sur le courant trotskyste. (…) Je me suis retrouvé devant un homme âgé qui remuait constamment ses rancunes contre le clan stalinien et qui, indiscutablement, était un homme très intelligent, mais qui était obnubilé par sa lutte contre le clan stalinien. ».

Serésien dans l’âme, Hubert Rassart est, avec ses JGS, un des leaders de la grève générale de 1936 dans la Cité du Fer. Le 2 juin 1936, les dockers du port d’Anvers arrêtent le travail et réclament une augmentation de 14 francs par jour, ce que le patronat refuse. Cette grève fait tâche s’huile. D’autant plus que quelques mois auparavant, en France, il y a eu la victoire du Front Populaire et l’obtention d’une semaine de congés payés et des 40 heures. Cela donne des idées en Belgique… Même les syndicats sont surpris par l’évolution de la situation ! Finalement, les événements s’enchaînant, et, en raison des grèves mais aussi d’un contexte politique particulier (percée des communistes aux élections de mai 1936), les négociations avancent. Le 8 juillet, les congés payés deviennent une réalité dans le Royaume.

Fervent opposant aux fascistes, il l’était tout autant des Rexistes. Ainsi, en 1937, c’est dans de nombreux meetings qu’on le voit en contradicteur de Degrelle. Il soutient activement la République Espagnole lors de la Guerre civile. Il tient une douzaine de meetings et participe à un trafic d’armes. Des armes provenant de la FN de Herstal était acheminées jusqu’Aubange par des camions de l’Union Coopérative. De là, des militants du Syndicats Métallurgiste local prenaient le relais pour les transporter en France où elles prenaient la direction de l’Espagne (Linda Musin, « Le POB liégeois et la Guerre d’Espagne », in Revue Belge d’Histoire Contemporaine).

Mobilisé dès 1938, il participe à la campagne des 18 jours sous les drapeaux et est fait prisonnier. Après avoir tenté de s’évader du camp de Krems (Autriche à la frontière tchèque) en septembre 1940, il est envoyé dans un Stalag de Prusse Rhénane (Limburg). Craignant d’être fait prisonnier politique et d’y perdre la vie, c’est le 10 octobre que, portant un costume des Jeunesses Hitlérienne, il s’évade à vélo en direction de Malmédy. De là, il se rend à Liège où il apprend que sa tête est mise à prix pour ses activité d’avant-guerre.

Il entre alors dans la clandestiné et invente l’identité d’un comptable de Jupille : Jean Hubert. Engagé par la société Franki sur le chantier de Martinrive (Aywaille), il allait ainsi se lancer dans la résistance dans la région de Sprimont-Rouvreux-Aywaille et Comblain-au-Pont. « J’ai donc, pendant le mois de mars 1942, réorganisé le PS clandestin, la distribution de la presse clandestine [Le Travail] – aussi bien socialiste que du Front de l’Indépendance – réorganisé aussi une chaine de refuges (…) pour les jeunes gens à qui nous conseillions – par cette presse – de ne pas se [soumettre] aux réquisitions allemandes. ». Il participe à la formation de cadres socialistes, à la lutte armée et aurait travaillé des services spéciaux britanniques.

Il devait aussi tester des jeunes gens du monde étudiant ; c’est ainsi qu’il rencontre François Perin. L’ancien ministre libéral et professeur émérite de l’Université de Liège, raconte : « J’avais été recruté dans l’organisation clandestine [Front de l’Indépendance] par un homme politique socialiste, Hubert Rassart. Rassart faisait partie d’un groupe qui agissait dans le secteur Ourthe-Amblève, mais il avait eu le pénible devoir de liquider un collaborateur qui avait sur la conscience dix dénonciations suivies de mort. Il avait quitté le secteur parce qu’il n’était pas sûr de ne pas être liquidé lui-même par… les camarades communistes, qui voulaient avoir le monopole de la résistance». (La Libre Belgique (en ligne), 8/9/2004)

Au sortir de la guerre, secrétaire à la Confédération des jeunesses socialistes, Rassart réorganise les Jeunesses Socialistes. Puis, il devient successivement Conseiller communal de Seraing (1945-1946) et Député (1946-1949). Il se passionne alors pour l’aménagement du territoire et c’est sur sa proposition que le gouvernement étudie un premier projet d’installation de l’Université de Liège sur le site du Sart-Tilmant.

N’étant pas réélu en 1949, Rassart, qui était journaliste à La Tribune dans les années 30, entre au journal La Wallonie en tant que rédacteur politique et « bras armé » de son ami André Renard. Pour le chroniqueur, la déontologique journalistique semble assez « floue », ainsi il n’hésite pas à lancer des rumeurs infondée. Ce poste s’avère très utile lors de la « Question royale » : « C’était très amusant (…) C’est à cette époque qu’a commencé la « Question royale ». Inutile de vous dire qu’étant donné mes convictions (fédéraliste, socialistes, Wallon et même wallingant), je m’en suis donné à cœur joie. »

En plus de ses écrits, Hubert Rassart sera très actif lors de la Question royale. Ainsi, il aurait aidé au rapprochement de la FGTB et du PSB : « Buset et Anseele se sont rendus compte que le phénomène relativement nouveau de l’indépendance syndicale risquait, dans certaines circonstances, de couper les hommes politiques socialistes de la base ouvrière et de provoquer ainsi des incompréhensions et des malentendus graves. ». Pour remédier à cela, une réunion entre Buset, Anseele, Renard et Rassart fut organisée au restaurant L’Horloge à Bruxelles.

Lors des événements de Grâce-Berleur, il faisait partie du Comité liégeois de Grève (en compagnie d’André Renard). Selon Rassart (mais il faut prendre son témoignage avec précaution), le lendemain de la tragédie, en compagnie de membres d’autre parti, des réunions auraient eu lieu pour élaborer un gouvernement wallon séparatiste. Joseph Merlot aurait été le Premier-Ministre de ce gouvernement, André Renard ministre de la Défense, Fernand Dehousse ministre des Affaires étrangères, etc. Bien entendu, ce projet ne fut pas jamais mené à bien…

En 1950, il crée un bureau d’étude d’où naîtra l’idée du parc industriel des Hauts-Sarts (Herstal).

Lors des grèves de 1960-61, il se retrouve dans la première équipe de Combat.

Il sera encore élu Sénateur provincial (1950-1954 et 1961-1965) et Sénateur (1954-1958 et 1961-1965). Au Sénat, il se consacre surtout à la Défense nationale et à l’aménagement du territoire. Il accède à la présidence d’une commission nationale de l’aménagement du territoire le 8 avril 1965. Plus tard, il devient Conseiller provincial de la Province du Luxembourg (1961 à 1971) et Conseiller communal de Grandhan (ancienne commune, faisant actuellement partie de Durbuy – de 1965 à 1971).

Il reste en place jusqu’en 1983. Il siège comme député au cours de l’année 1971. Il a aussi participé à la transformation des CLEO en PAC dans les années 70.

Il décède à Liège le 26 février 1994.
 
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